La malédiction de la neuvième symphonie
La malédiction de la neuvième symphonie est une vieille superstition de l’histoire de la musique: Beethoven étant mort après sa neuvième symphonie, la croyance veut que la neuvième symphonie d’un compositeur lui soit fatale.
Pour étayer cette croyance, Franz Schubert, Antonín Dvořák, Anton Bruckner et Gustav Mahler, pour lesquels la malédiction se vérifie. Pour rassurer sans plus attendre les lecteurs anxieux, de nombreux contre-exemples existent et démentent la malédiction, comme le cas d’Alan Hovhaness, compositeur américain d’origine arménienne, qui composa plus de soixante symphonies au cours de sa carrière ou de Leif Segerstam, musicien, chef d’orchestre et compositeur finlandais, qui a créé deux cents soixante-cinq symphonies à ce jour, et qui continue à défier le sort.
La malédiction de la neuvième symphonie et Gustav Mahler
« Il semble que la neuvième soit une limite. Qui veut la franchir doit trépasser. Comme si la Dixième contenait quelque chose que nous ne devrions pas encore connaître, pour quoi nous ne serions pas prêts. Ceux qui ont écrit une Neuvième s’étaient trop approchés de l’au-delà. » Arnold Schönberg, essai sur Malher.
Plusieurs compositeurs croyaient réellement à cette malédiction. L’exemple le plus frappant est peut-être celui de Gustav Malher, qui prit des mesures manifestes pour aller à l’encontre de la malédiction. Pour commencer, il ne numérota pas sa neuvième symphonie. Ensuite, il en créa une nouvelle, à laquelle il attribua cette fois le numéro neuf, alors qu’il s’agissait de sa dixième symphonie, le tout, pensant déjouer la malédiction. Les compositeurs auraient-ils limité leur production et nous auraient-ils privés d’œuvres grandioses pour échapper à la malédiction de la neuvième symphonie? Nous ne le saurons jamais. En tous cas, Gustav Mahler n’y échappe pas, malgré les efforts déployés.
A la Une, photographie de Gustav Mahler, 1860-1911, compositeur, pianiste et chef d’orchestre autrichien. Ses œuvres les plus marquantes furent des symphonies qui sont au nombre de 10, même s’il n’achève pas la dernière. (image par Moriz Nähr)