Eugène Ysaÿe Violoniste
Eugène Ysaÿe (16 juillet 1858 – 12 mai 1931) était un violoniste, compositeur et chef d’orchestre belge. Il était considéré comme » le Roi du violon », et même comme l’affirmait Nathan Milstein, le « tsar ».
Enfance d'Eugène Ysaÿe
Né à Liège, Ysaÿe commença le violon à cinq ans avec son père. Il reconnaîtra plus tard que l’enseignement de son père fut le fondement de sa connaissance de l’instrument, malgré l’influence de professeurs de grand renom. A sept ans, il intégrait le conservatoire de Liège, étudiant le violon auprès de Désiré Heynberg de 1865 à 1869, mais peu de temps plus tard, il fut invité à quitter le conservatoire en raison de son manque de progrès. La raison de ce manque de progrès était simple, il travaillait afin de soutenir sa famille. En effet, le jeune Eugène jouait dans deux orchestres locaux à temps complet, l’un d’entre eux étant dirigé par son père. Après le conservatoire, Eugène continua à jouer dans ces orchestres, étudia seul et apprit un répertoire pour violon très varié. A l’âge de douze ans, il jouait si bien qu’en s’entraînant dans une cave, le légendaire Henri Vieuxtemps qui passait dans la rue le découvra de manière tout à fait fortuite. Il fut impressionné par la sonorité de son violon et s’intéressa à lui. Ce dernier fit donc en sorte que le jeune Ysaÿe fut repris au conservatoire en étudiant le violon auprès de son assistant, le fameux Henryk Wieniawski. Ysaÿe suivit également l’enseignement de Vieuxtemps, et le « maître » comme le « disciple », comme Ysaÿe se plaisait à décrire les rôles de maître et d’élève, étaient très attachés l’un à l’autre. Dans ses dernières années, Vieuxtemps demandait à Ysaÿe de le rejoindre à la campagne et de jouer pour lui.
Etudier avec ces professeurs signifiait qu’il allait intégrer l’école franco-belge de violon, qui remontait au développement de l’innovant et moderne archet pour violon de François Tourte. Les qualités de cette « École » comprennaient une certaine élégance, une tonalité complète avec des coups d’archets longs et ininterrompus, des techniques précises de la main gauche et un jeu d’archet de tout l’avant-bras avec poignet et bras au repos.
Débuts de carrière
Après son diplôme du Conservatoire Royal de Liège, Ysaÿe devint le premier violon de l’orchestre Bilse, qui deviendrait plus tard le Philharmonique de Berlin. De nombreux musiciens célèbres et influents se déplaçaient régulièrement pour écouter cet orchestre et en particulier pour écouter Ysaÿe. Parmi ces artistes figuraient Joseph Joachim, Franz Liszt, Clara Schumann et Anton Rubinstein, qui finirent par demander la libération d’Ysaÿe de son contrat pour l’amener en tournée.
Alors qu’Ysaÿe avait vingt-sept ans, il fut recommandé en tant que soliste pour l’un des concerts Colonne à Paris, qui marqua le début de son grand succès sur scène. L’année suivante, Ysaÿe fut nommé professeur au Conservatoire de Bruxelles dans sa Belgique natale. Il se lança donc dans l’enseignement, qui demeura l’une de ses principales occupations à sa sortie du conservatoire en 1898 et pendant les dernières années de sa vie. Parmi ses élèves les plus respectés se trouvaient Josef Gingold, l’altiste virtuose William Primrose, le virtuose Nathan Milstein (principalement formé auprès de Pyotr Stolyarsky), Louis Persinger, Alberto Bachmann, Mathieu Crickboom, Jonny Heykens, Charles Houdret, Jascha Brodsky, Oscar Shumsky et Aldo Ferraresi.
Pendant cette période au Conservatoire, Ysaÿe continua à voyager à travers le monde, notamment dans toute l’Europe, en Russie et aux Etats-Unis. Malgré des problèmes de santé, en particulier ses problèmes aux mains, Ysaÿe était à la cime de sa carrière, et de nombreux compositeurs significatifs lui dédièrent des œuvres importantes, comme Claude Debussy, Camille Saint-Saëns, César Franck, et Ernest Chausson.
Signalons également que la Sonate pour violon de Franck en La, fut composée comme cadeau de mariage pour Ysaÿe et sa femme en 1886. Ysaÿe interpréta cette pièce fréquemment pendant toute sa vie.
Carrera Profesional
En tant qu’interprète, Ysaÿe était convainquant et très original. Pablo Casals affirma qu’il n’avoir jamais entendu aucun violoniste jouer comme Ysaÿe, et Carl Flesch indiqua qu’il était « le violoniste le plus brillant et unique » écouté dans toute sa vie.
Ysaÿe avait une sonorité très riche, ample et flexible, influencée par une grande variété de vibratos, avec des intensités très diverses. Ainsi il déclara: « il ne faut pas toujours faire des vibrato, mais il faut toujours vibrer« .
Son modus operandi était, selon ses propres mots: « Rien dont le but ne serait pas l’émotion, la poésie ou le cœur« . Le chef d’orchestre Sir Henry Wood en dit: « Sa qualité de son était magnifique … Il semblait exprimer mieux la couleur du violon que n’importe lequel de ses contemporains ».
La caractéristique la plus significative des interprétations d’Ysaÿe était sans doute son rubato magistral. Sir Henry Wood, à nouveau: « Chaque fois qu’il volait du temps à une note, il le payait fidèlement entre quatre barres« , en permettant que son accompagnant maintienne le rythme avec précision. A noter que ce type de rubato correspond à la description du rubato de Frédéric Chopin.
Bien qu’Ysaÿe fut un grand interprète des compositeurs romantiques et modernes – Max Bruch, Camille Saint-Saëns, et César Franck, affirmaient qu’il était leur meilleur interprète- il était tout aussi admiré pour ses interprétations de Bach et de Beethoven. Sa technique était brillante et raffinée, et de ce point de vue, il fut le premier violoniste moderne à perfectionner sa technique.
A sa mémoire fut crée un concours de violon de niveau international à Bruxelles: en 1951, il devint la section violon du Concours de Musique Reine Elisabeth.
Vida Personal
Ysaÿe se maria à deux reprises. La première fois, le 29 septembre 1886, avec Louise Bourdeau de Courtrai, avec laquelle il eut trois fils et une fille. C’est à ce moment-là que César Franck présenta sa Sonate pour violon en La en guise de cadeau de mariage le matin des noces. Ainsi, après des répétitions hâtives, Ysaÿe interpréta la pièce pour la cérémonie. La sonate fut jouée officiellement en décembre 1886.
Après la mort de Louise en 1924, il se maria pour la seconde fois avec l’une de ses élèves, Jeanette Dincin (1902-1967), 44 ans plus jeune que lui. Elle était violoniste et avait étudié pendant son adolescence auprès de professeurs renommés comme Franz Kneisel, Leopold Auer, et Otakar Ševčík. Ysaÿe la rencontra en 1922 alors qu’il dirigeait l’Orchestre Cincinnati. Elle prit soin de lui pendant ses années de maladie.
Le frère d’Ysaÿe était le pianiste et compositeur Théo Ysaÿe (1865-1918), et son arrière-petit-fils, Marc Ysaÿe, est le fondateur de la radio Classic 21 et le batteur du groupe de rock Machiavel.
Eugène Ysaÿe était un grand ami de la Reine de Belgique, à qui il enseigna régulièrement le violon malgré son manque de talent naturel. A sa mort, sa veuve prit en charge l’enseignement de la Reine qui fonda le concours en son honneur.
Ysaÿe était également l’ami de Claude Debussy. Il éprouvaient un grand respect réciproque et Ysaÿe fut un partisan significatif de Debussy aux débuts de sa carrière. Il lui dédia son unique quatuor à cordes et Ysaÿe en étudia la partition avec grande attention. Le quatuor fit ses débuts le 29 décembre 1893 avec le quatuor Ysaÿe à la Société Nationale de Paris.
Tout au long de sa carrière, Eugène Ysaÿe utilisa deux violons: l’un fabriqué par Guarneri del Gesu et l’autre par Antonio Stradivari, Hercules.